1 mai 2018 à 17:23

LE PASTEL DES TEINTURIERS

COMMENTAIRES N° 4  : LE PASTEL DES TEINTURIERS.

Nous continuons par les escaliers qui rejoignent la route qui vient de la gare. A notre gauche et à notre droite de hautes plantes à la floraison jaune. Les enfants me demandent quelle  est  cette herbe ?

C’est une plante herbacée bisannuelle qui peut aussi se nommer GUEDE, en latin « ISATIS TINCTORIA ». Elle a plusieurs noms suivant la région : WAIDE, VOUEDE, WEDDE, HERBE DE ST PHILIPPE, VAREDE, HERBE DU LAURAGAIS.

Un long article s’impose car elle peut être utilisée comme plante médicinale, tinctoriale par les GRECS et les ROMAINS, et elle fut cultivée pour la production d’une teinture bleue, extraite des feuilles avant de disparaître et détrônée par l’INDIGOTIER et les colorants de synthèse.

Les fleurs petites, jaunes, sont groupées en panicules dressées. Elle se fait en AVRIL, MAI et JUIN. C’est une plante mellifère donc visitée par les abeilles. Ce sont les feuilles qui sont récoltées pour la production de la teinture et nous y reviendrons.

La plante est spontanée sur le pourtour méditerranéen. Elle a été répandue par la culture. Elle croît sur des sols secs, dans les friches, les bords des chemins et des routes, sur des dalles rocheuses, sur les rochers, les pelouses et même dans vos jardins. Elle est considérée comme plante envahissante.

  Comme son nom l’indique, c’est une plante tinctoriale, « pastel » matière colorante bleue indigo.

La teinture est extraite des feuilles. Jusqu’au XVIIème siècle, l’ensemble du processus d’extraction du pigment coloré se déroulait sur 2 ans. La première année, les cultivateurs récoltent et produisent des boulettes de pastel déshydratées qu’ils vendent à des collecteurs locaux et à des puissants marchands de pastel de TOULOUSE. La seconde année ces marchands produisent la poudre tinctoriale. La description détaillée du procédé de fabrication avait été inscrit en 1811.

Les feuilles sont récoltées sur les pieds de quatre mois environ, issus de semis faits en début d’année. On gardait une parcelle pour fournir les graines de semence pour l’année suivante. Les feuilles qui avaient atteintes leur maturité, assez longues, se détachent par simple torsion ou d’un petit coup de faucille. La récolte se réalisait de fin juin à septembre. A chaque passage on ne prélevait que les feuilles  commençant à jaunir.

Les feuilles récoltées étaient lavées dans les ruisseaux pour les débarrasser de la terre qui peut les souiller. Une fois séchées, elles sont portées au moulin pour être broyées moyennant une redevance, comme pour les olives aujourd’hui. Là, elles sont écrasées pour en extraire une pulpe. Le moulin est fait d’une grosse meule à axe horizontal tournant sur une auge de pierre avec traction animale. Après le broyage, la pâte de pastel est mise à sécher en tas sous un hangar. Une fois durci, le pastel est écrasé et mis en boule à la main, grosseur d’un poing, disposé sur des claies pour continuer a être séché pendant environ 2 mois. Quand elles sont bien déshydratées, elles deviennent dures et ne risquent plus de se détériorer. Elles peuvent être transportées et être commercialisées pour servir aux teinturiers.

Les teinturiers acquièrent ces boules qu’on surnomme des « cocagnes », pour procéder à l’opération qu’il nommait « AGRENAGE » , en occitan qui voudrait dire mouiller, remuer, moudre !!! Les cocagnes sont écrasées avec des maillets et réduites en poudre dans le moulin. La substance obtenue est ensuite aspergée d’eau claire ou d’urine pour provoquer la fermentation. Le pastel s’échauffe et fume. La pâte est remuée régulièrement avec des pelles pour contrôler la température et faire en sorte que le processus ne s’emballe pas ou ne ralentisse. La pâte émet des bulles et exhale une odeur ignoble. Une fois sèche, la pâte de pastel fournit une poudre tinctoriale de couleur noire nommée AGRANAT. Il est mis en sac ou en baril et gardait ses propriétés colorantes une dizaine d’années.

Pourquoi cette poudre noire devenait un pigment indigo ? La teinture bleu pastel était obtenue par oxydation du jus tiré des granulats.  On recueillait l’écume à la surface des bains et cette fleurée séchée donnait une poudre bleue utilisée pour les peintures. C’était ce pigment incorporé à du carbonate de calcium qui permettait l’obtention de bâtonnets utilisés pour dessiner d’où PASTEL.

Le colorant bleu indigo est insoluble et ne peut être utilisé directement pour teindre. La cuve à l’urine fermentée était propice à la teinture de la laine.

C’est aussi autre chose, une plante fourragère pour l’alimentation animale, les moutons par exemple.

C’est aussi une plante ornementale grâce à sa superbe floraison jaune vif

C’est aussi une plante médicinale et connue par un pharmacien grec DIOSCORIDE qui l’utilisait en cataplasme pour traiter les oedemes, les tumeurs, les plaies. Quant à la forme cultivée qui sert à teindre les laines, elle arrête le sang, guérit les ulcères, les enflures avant la suppuration. En boisson elle est également bonne pour la rate.

 Je ne parlerais pas de la composition chimique de la plante car 80 composés ont été répertorié  tel que : glucobrassicine, alcaloïde nommé tryptanthrine , acide érucique, oleique, linoléique, palmitique, isatan A B et C.

Voilà pour cette plante avec ces multi-facettes .

CHARLY

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